Chronologie de Miquèu de Camelat
1871 Naissance à Arrens (Hautes-Pyrénées), le 26 janvier, de Jean-Pierre-Michel Camélat fils de Jean-Pierre Camélat, cordonnier, âgé de 28 ans et de Marianne Four-Pome, son épouse, âgée de 26 ans. Arrens est le dernier village du Val d’Azun (Haut-Lavedan) sur la route des Pyrénées.
Bien que fils unique, Miquèu est un enfant mal aimé. Jusqu’à l’âge de quatre ans, il sera protégé de l’excessive sévérité de son père par sa grand-mère paternelle, Marianne, qui meurt en 1975. Dès qu’il le peut, il se réfugie dans la famille de sa mère, nombreuse et soudée, qui servira de modèle à la famille de son héroïne, Belina. Il n’a pas connu son grand-père paternel « un saunejaire e un pintaire » [un rêveur et un buveur], dont on retiendra qu’il écrivait des vers.
1882-1886 Études secondaires au petit séminaire de Saint-Pé-de-Bigorre où il est un élève remuant et souvent malade. Il développe un vif intérêt pour les Lettres.
1887 Comme Miquèu refuse de s’engager sur la voie de la prêtrise suivant les vœux de ses parents, ceux-ci le retirent du collège. De retour dans sa famille, il multiplie les lectures et, avec l’aide des prêtres du sanctuaire voisin de Poey-Lahun, acquiert une culture classique.
Premiers poèmes et premières chansons. Camelat commence un lexique, recueille des proverbes et élabore les statuts d’une société des amis du gascon. Il découvre le poète chansonnier Despourrin et les Papillotos de Jasmin. Il entre en relation avec l’érudit bigourdan Jean Bourdette qui lui conseille en 1889 de faire oeuvre « en lavedanais ».
1888 Camelat découvre l’œuvre des Félibres – les écrivains en langue d’oc – grâce à l’anthologie des Poètes provençaux contemporain, puis Mirèio qui est une révélation. Pendant longtemps, il relira tous les ans le chef-d’œuvre de Frédéric Mistral.
1890 Lors d’une « félibrée » à Tarbes où il obtient un premier prix de poésie, il fait la connaissance du jeune Simin Palay (né en 1874, écrivain et futur lexicographe du gascon) ainsi que du chartiste Jean Passy (auteur de l’Origine des Ossalois) avec lesquels il se lie d’amitié.
1891 Il publie « Le patois d’Arrens », étude sur le gascon pyrénéen du Lavedan. C’est dans cette variété de langue qu’il compose ses premiers essais poétiques. Quatre ans plus tard, il abandonnera définitivement les formes de langue autochtones pour n’écrire désormais que dans le gascon du Béarn, senti comme plus classique – Pau constituant par ailleurs un foyer de production relativement actif.
1893 Soucieux de s’adresser en langue d’oc au public le plus large possible, il publie avec Palay un premier almanach, l’Armanac patouès de la Bigorro, qui devient dès l’année suivante l’Armanac gascou (Bigorre, Béarn, Armagnac, Landes).
1895 Publication d’un recueil de chansons Et piu-piu dera me laguta (Cansoûs gascounas, Tarbes, Lescamela). L’introduction est un vibrant manifeste en faveur de la langue.
1896 Le 2 janvier, à l’instigation de Camelat principalement, fondation à Pau de l’Escole Gastou Febus. Il ne s’agit pas d’une structure scolaire, mais d’une antenne du Félibrige qui entend organiser et fédérer l’action en faveur de la langue d’oc sur l’ensemble de la Gascogne.
1897 Fondation de Reclams de Bearn e Gascounhe, revue de l’Escole à caractère littéraire et militant.
Le 22 février, mariage avec Catherine Augé. Le ménage vivra à Arrens que Camelat n’a jamais voulu quitter malgré le souhait de son épouse d’une installation à Argelès ou à Lourdes. Catherine ne considérait pas sans méfiance les travaux littéraires de son mari, d’autant que celui-ci tenait sans enthousiasme particulier quoique avec sérieux le commerce qui assurait la subsistance du ménage. Toutefois, malgré des difficultés financières épisodiques, le couple resta uni.
1898 Le 26 juin, naissance à Arrens de Isabelle-Jeanne-Marie (Beline). Camelat commence vraisemblablement Mourte e Bibe dont l’écriture s’étalera sur 15 ans.
1899 Première édition de Beline (Tarbes, Lescamela) qui lui vaut immédiatement une lettre bienveillante de Mistral et la consécration au sein du Félibrige.
1900 Naissance le 14 avril de Jean-Pierre-Jacques Camélat, qui décédera le 11 juillet de la même année. Le 21 mai, Miquèu est élu maire d’Arrens. Il le restera jusqu’au mois de mars 1904.
1901 L’organisation, le 21 mai à Pau, et le succès de la « Santa Estela », rassemblement annuel du Félibrige, en présence de Mistral son fondateur, consacrent l’action des félibres gascons et la détermination de Camelat, à tel point que la date du 21 mai 1901 servira de sous-titre à Mourte e Bibe.
Le premier août, jour de la Saint-Pierre aux liens, (le jour dont sera datée Mourte e Bibe), naissance de Pierre-Michel Camélat.
Le ménage s’installe au centre d’Arrens dans la maison que Camelat ne quittera qu’à la fin de sa vie.
1905 Le 19 août, décès de sa fille Beline âgée de 7 ans.
1906 Le 6 juin, naissance de Béline-Marie, deuxième fille de Camelat à porter ce nom.
1910 Beline, 2e édition, Tarbes, Dusséqué.
Le 15 janvier, parution du premier numéro du journal La Bouts de la Terre. Camelat, en rupture avec la ligne trop « francimande » suivie par Reclams, fonde un bimensuel de 4 pages, bon marché, qui s’adresse au peuple. La Bouts de la Terre, rédigé intégralement en langue d’oc et dans une écriture unifiée, paraîtra sans interruption jusqu’à la Première Guerre mondiale. Après la Guerre, Camelat ne parviendra pas à relancer cette publication et prendra en charge la rédaction de Reclams.
1911 Voyage en Catalogne. Griset nouste, divertissement en un acte, Pau, Marrimpouey, sur le modèle d’une comédie découverte à Barcelone, ouvre une série d’œuvres écrites pour le théâtre.
1912 Roubi lou sounadou, pastourale en cinq estanques e en prose, La Bouts de la Terre (Pau, Marrimpouey). A l’aygue douce nou-b hidét ! [Méfiez-vous de l’eau qui dort], comédie proverbe, Pau, Marrimpouey.
1914 Gastou-Febus, pièce en cinq actes et en vers, Pau, La Bouts de la Terre, premier drame historique.
Mobilisation de Camelat qui sera profondément affecté par la guerre et son cortège de deuils, en particulier celui du jeune poète Jean-Baptiste Bégarie, fils spirituel et ami, tué sur le front en 1915.
1916 Lou darrè Calhabari [Le dernier Charivari], divertissement en un acte, Pau, Marrimpouey.
1920 Mourte e Bibe, Pau, Marrimpouey. Le poème épique était achevé en 1913 mais sa parution fut retardée par la guerre.
1924 Lola « drame lyrique », deuxième drame historique, Samatan, Editouriau Occitan.
1926 Beline, (3e édition), Pau, Marrimpouey. Mort de la mère de l’écrivain.
1928 Mort de son père. Garbe de pouesies (1520-1920), anthologie à usage scolaire, Pau Marrimpouey.
1931 Début d’une relation épistolaire avec le jeune poète Andrèu Pic.
1933 Garbe de proses (1775-1930), anthologie, Pau, Marrimpouey. Nouvelle édition de A l’aygue douce nou-b hidét !, Lourdes, Lacrampe.
1934 L’espigue aus dits, recueil de poèmes, Pau, Marrimpouey.
1936 Nouvelle édition de Gastou-Febus, Pau, Marrimpouey.
1937 Bite-bitante, recueil de nouvelles, Pau, Marrimpouey.
1938 Lous Memòris d’u Capbourrut, [autobiographie de ses premières années jusqu’à la publication de Beline], Pau, Marrimpouey.
1939 Nouvelle édition de Lole, drame en trois actes et en vers, Pau, Marrimpouey.
1942 Lou Piu-piu de la mie flahute, reprise en gascon béarnais de l’ouvrage de 1895, Pau, Marrimpouey.
1943 Mort de son fils Pierre, le 27 juillet. Médecin, celui-ci contracta le choléra auprès des malades qu’il soignait dans les Landes, à Luxey.
1946 Tros causits de pouesie e de prose à l’usance de las escoles primàris, Pau, Marrimpouey.
1950 La Literature gascoune de las hounts prumères a oey lou die, Pau, Marrimpouey.
1951 Mourte e Bibe, nouvelle édition remaniée, Pau, Marrimpouey.
1957 Garbe de pouesies (1567-1957), 2e édition, remaniée, Pau, Marrimpouey.
1958 Mort d’André Pic à qui Camelat comptait confier la rédaction de Reclams, assurée par Marcel Saint-Bézard à partir de cette année-là.
1962 Âgé et quasiment aveugle, Camelat s’éteint le 19 novembre à Tarbes où sa fille Beline (Mme Vammale) l’a recueilli. Édition définitive de Belina en graphie classique, préface de Robert Lafont, traduction française et notes critiques de Pierre Bec et Robert Lafont, Tolosa, Institut d’Estudis Occitans.
Nouvelle édition en graphie fébusienne : Beline, tirade quoatau, Pau, Marrimpouey.
1967 Letres causides de Miquèu de Camelat à Andrèu Pic [Lettres choisies de Miquèu Camelat à Andrèu Pic], présentation par Marcel Saint-Bézard, Pau, Marrimpouey.
1971 Bite-Bitante, (2e édition), Billère, Escole Gastoû Febus.
Aumatge a Miqueu de Camelat (disque), Orthez, Per noste.
1985 Un colloque Michel Camelat est réuni à Flaran (Gers) (actes édités par Jean Salles-Loustau, Béziers, CIDO, 1985).
2000 Gaston Febus, présentation par Jean Salles-Loustau, traduction par Albert Peyroutet, Atlantica, Biarritz.
2009, Morta e viva, édition de Jean Salles-Loustau, Letras d’òc.